LES « CITROEN » DU DOCTEUR RIVIERE
Mes 23 années en CITROEN SM.
L’une des vocations de l’EURO SM CLUB étant de retrouver toutes (ou presque !) personne ayant participée à l’histoire de la SM, il était tout naturel qu’un jour ou l’autre, on nous parle de ce docteur, qui pendant de nombreuses années, a sillonné nuits et jours le bocage normand.
Docteur toujours des CITROEN ?
Toujours, mais surtout des SM ; Dès que le froid arrivait, mes tournées prenait un petit côté rallye. D’abord Mademoiselle SM, capricieuse jusqu’au bout du pare choc (en inox), émettait des réserves à vouloir démarrer. Peut lui importait l’étendue d’une épidémie de grippe ou autre gastro assassine ! La belle n’en faisait qu’à sa tête. J’avais donc vite été obligé de lui changer moi-même ses cassettes d’allumeur. Ma première fut bien sûr dès les années 70 une belle « CARBU » équipée de radio téléphone, ce qui à l’époque était très rare ! L’agent CITROEN m’avait recommandé une bonne occasion récente, avec un longeron plié, mais moteur neuf.
A l’époque, les premiers MASERATI étaient souvent mal réglés. J’acceptais cette première « aventure », puis on me proposa une autre « CARBU » bleue qui fut reprise par CITROEN, parce que fuite culasse (terme d’époque ? !) Sur mes cinq premières SM, une seule brûla ! Puis suivirent les injections, ainsi en octobre 1973, je fis le compte des kilomètres parcourus lors de mes visites médicales, et vacances en Espagne. Je totalisais déjà 320 000 km à la fin et ma 4ème injection. J’avais « 600 000 km » avec la même voiture ! et une fois revendue, le nouveau propriétaire fît encore 100 000 km.
Au fur et à mesure des années, je forçais mon agent CITROEN à se perfectionner dans l’entretien et la restauration des « SM ». Il est d’ailleurs l’un des plus appréciés encore aujourd’hui, et j’y suis certainement pour quelque chose. De plus, il ne me venait pas à l’esprit de rouler dans « autre chose » qu’une SM… sécurité, rapidité ! !
Pourtant des fois le doute s’installait, car « la belle » se faisait toujours désirer ; Ne jamais oublier de retendre les chaînes de distribution, pour le non respect de ces conseils souvent entendus, cela me coûta un moteur et trois jours de vacances forcées à Sens car nous venions juste de prendre l’autoroute en direction de l’Espagne. Les pannes de batteries étaient aussi courantes. Nous avions un petit appartement à Courchevel, et avec mes femmes nous tenions à notre semaine de vacances d’hiver : Arrivés sur les lieux, nous étions sûrs que le lendemain matin la SM ne redémarrerait pas ou ferait mine de faire un effort en tournant sur « cinq pattes » ; Je démontais la K7 d’allumeur et après quelques moments d’ insistance et de patience et autres jurons appropriés elle acceptait de redémarrer !
J’avais aussi toujours une courroie d’alternateur en réserve en position d’attente autour de l’arbre. Peu de problème hydraulique si ce n’est une fois ou une marre d’huile verte fût constatée à la pause sur un parking là aussi sur la route de nos vacances.
Le garagiste local fût à la hauteur du problème car les « DS » à cette époque étaient présentes sur toutes les routes européennes. Par manque de pièces ce garagiste fier d’avoir à réparer une « SM » s’engagea à ressouder les tuyaux au chalumeau là aussi nous avons frôlé l’incendie mais heureusement plus de peur que de mal et nous avons pu reprendre sereinement (! !) la route des vacances. Pourtant sur le retour ce fût dès le départ de notre périple que se déclara un problème de démarreur. Il nous avait été conseillé de ne plus arrêter le moteur et de traverser la moitié de l’Espagne et toute la France d’une seule traite. Arrivés à Orbel nous avons voulu tout de même nous arrêter et déjeuner ! Nous n’étions plus tellement loin de la maison pourtant ! évidemment le démarreur ne voulu « rien savoir » au moment de repartir. J’ai donc été obligé d’appeler mon « agent préféré » lui spécifiant bien que j’avais un démarreur neuf dans le coffre ! En fait ce qu’elle préférait c’était mes tournées dans le bocage normand ; en tournées, voir mes malades toujours surpris de voir arriver leur docteur avec « sa belle voiture ».
C’était mon outil de travail, des fois dans la nuit l’on entendait ronfler le MASERATI traversant les petits villages normands.
Comme je ne voulais pas immobiliser trop longtemps mon véhicule, je n’hésitais pas à réveiller mon agent CITROEN à 2 ou 3 heures du matin lui précisant bien que le véhicule était à sa disposition pour contrôle seulement pour le reste de la nuit voir le début de la matinée ! Après 10 heures je reprenais mes visites ! J’aimais mes belles voitures et cette ligne me plaisait particulièrement, de plus j’avais la chance que ce soit mon outil de travail !
Mes malades appréciaient me voir arriver avec « ma belle » pourtant par un matin hivernal, lors d’une de mes visites un petit chat cru bon de venir se réchauffer sur le moteur ou peut être simplement l’admirer. Comment put-il se glisser dans les tuyères de la jupe inférieure toujours est t’il que lorsque je voulu démarrer la voiture tout se bloqua ! Je fus obligé de découper ce pauvre chat enroulé autour de l’arbre de transmission, il s’était centrifugé sous le capot, il y en avait partout dans le compartiment moteur !!!. La retraite approchant la dernière SM avait 600 000 kms, il fallait penser à la refaire complètement… La question se posait : allions nous tous les deux abandonner les routes normandes ?
J’ai totalisé pendant toutes ces années 1 295 000 km « blanche, gris nacré, gris de l’argentière ; un seul accident me revient en mémoire cette petit AMI 6 en direction de Romilly, elle s’était retrouvée sur le toit ! N’avait–elle pas osé couper la route à la SM ! Tout le monde sortie indemne de ce choc, quelques égratignures à ma belle quand à la petite AMI 6 elle avait difficilement apprécié cette matinale rencontre !
Pendant ces premières années, pas de limitation de vitesse la loi Messmer n’avait pas encore frappé. Je roulais très vite à l’époque. Pourtant je ne me souviens d’un seul « P.V » de gendarmerie dans la région de Lyon : 150 km/h, j’étais donc en vitesse de croisière ! Les gendarmes « passèrent la main » mais au deuxième contrôle le même jour, je fus repris à « 150 km/h »… c’était bien mon jour !...
La transaction entre mes SM et la vie de retraité se fit par l’achat d’une VISA GTI qui était d’une tenue de route exemplaire. Je fis avec elle 240 000 km et je la cédais au bout de quelques années, elle vécu encore de nombreuses années entre les mains d’un collectionneur bien connu en la personne de Mario CORREA.
Aujourd’hui je me promène au milieu du bocage normand avec une XANTIA ou une
XSARA 2L, mais peut être qu’un jour je reviendrai pour le plaisir et les souvenirs à une « SM », une CARBU »… peut être !.
Merci au Docteur de la « SM «
J.D GUYOU
chemin du bocage
14430 ANNEBAULT
Tél : 02.31.64.86.57.
Docteur RIVIERE
Propos recueillis par Pierre PHILIPPS Président de l'EURO SM CLUB |